E comme
Exposition
Atelier écriture et oralité
Hélène Cohen Solal
Exposer, c’est permettre à chacun, à soi et aux autres de faire une rencontre esthétique qui permette une lecture. L’atelier vise à construire la lecture avant de réaliser la mise en espace, afin que chacun soit apaisé sur sa réception.
Lecture une
Alberto Giacometti, Écrits, 1990, Hermann p75
« Entre une chose réussie ou pas réussie, ça m’est complètement indifférent. Un tableau réussi, un tableau raté, un dessin réussi, un dessin raté, ça ne veut rien dire. Le raté m’intéresse autant que le réussi. Et il faudrait plutôt exposer les choses les moins bonnes que de choisir les meilleures. Parce que si les moins bonnes tiennent, les bonnes, elles, tiennent surement. Si par contre vous choisissez celles qui ont l’air d’être les meilleures, c’est une illusion. Parce qu’il s’il y en à d’autres qui sont moins bonnes et ne tiennent pas, caché quelques part, même si vous ne les faites pas voir, elles existent. Et si quelqu’un regarde très attentivement, il voit la faiblesse, même dans les meilleurs. »
Choisissez parmi vos travaux : un que vous trouvez un peu raté, un que vous trouvez un peu réussi.
Placer en regard deux papiers sans signifier vos choix où chacun viendra écrire.
Et une fenêtre qui servira à regarder des portions du tableau
Lecture deux
Alain Sevestre , l’art modeste, Gallimard
« Mais voilà qu’un regard sans complaisance, ni apitoiement les transforme, leur donnant ce surcroît troublant de réalité, que seuls, parfois, les mots d’un écrivain savent tirer du visible le plus modeste. »
écrivez « sans complaisance, ni apitoiement »
Incipit : « Je vois… qui… », « Il y a un endroit où… » « c’est une promesse de … »
Lecture trois
Henri Michaux, Émergences résurgences
« Immaculées, elles m’apparaissent sottes, odieuses, prétentieuses, sans rapport avec la réalité. L’humeur sombre, je commence, en ayant attrapé une à fourrer dessus quelques obscures couleurs, à y projeter au hasard, en boudant, de l’eau par giclées, non pour faire quelque chose de spécial, ni surtout pas un tableau. Je n’ai rien à faire, je n’ai qu’à défaire.
Chargées de dizaines d’années d’inharmonies, de gênes, de heurts en des milieux inacceptés (…,) mes peintures devaient se faire, avaient besoin de se refaire par le chemin du désordre, de la sauvagerie, de l’annihilation ; toujours à la dissolution préalablement, je dois avoir recours.
De tous les ratages de ma vie cette peinture à l’eau, en étant le rappel, en est également l’issue. Triomphe par le ratage même puisque, non sans un certain scandale que je ressens, ils deviennent réussite ( !) où, en plus, je me dégage de ce que j’ai haï le plus, le statique, le figé, le quotidien, le “prévu”, le fatal, le satisfait. »
Lectures en archipel
Chacun trouve les écrits à propos de ses tableaux et entoure ce qui l’intéresse. Ensuite il lit à voix haute les fragments qui le touchent, où font écho, en recomposant éventuellement les propos.
Chacun lit à la suite d’un autre, sans demander la parole, les lecteurs se succèdent…
Consignes envisagées
- Après cette écoute, prenez votre œuvre un peu « ratée » et chercher de quoi serait fait un prochain tableau.
- Chacun choisit un tableau pour lequel écrire s’installe et profite de l’ensemble des fragments laissés par les partenaires.
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