vendredi 6 novembre 2020

 

Poésure et peinterie

 


 

Hélène Cohen-Solal

 

 

 

“Il existe une étrange complicité entre le langage poétique et le langage plastique. L’un et l’autre, du moins dans leur forme authentique, sont unis par une même intransigeante pureté, par un commun refus des séductions de l’intelligence discursive"

 

 

 

L’atelier est un dispositif qui s’inspire d’un réel travail de création : il en est une relecture. J’ai travaillé plastiquement à partir d’un recueil de textes poétique [1]dans le but d’une exposition lecture. Cet atelier est inventé pour partager des processus de création en inventant des situations qui recrées l’expérience du peintre et du poète.

 

“Quelques  fragments de tableaux vous sont proposés…”

“choississez en un et installez vous”

 

Ce sont des fragments de tableau qui comportent des manuscriptures, des éléments figuratifs, des traits, figures et compositions abstraites ou métaphoriques. Installés sur des tables de six, en nombre supérieur à celui des participants, chacun est invité à s’installer devant le montage qui l’attire le plus…

 

“Autour de cette fenêtre vous poursuivez, amplifiez, développez, voire contredisez les signes traces, figures que vous entrevoyez”

 

Nous avons volontairement réduits la place des outils scripteurs modernes (feutres, crayons à papier) et mis à la disposition des participants des outils traditionnels (fusains, pinceaux très fins, encre de deux couleur noir et soit bleu, soit sépia, soit ocre...) ou des outils de récupération (cure dents, bambou taillé, coton tige). Le cure dent et le bambou s’approchent du travail du calame sans réactiver l’expérience scolaire de la plume sergent major, comme l’on connu quelques générations. Le coton tige permet des effets de badigeon, de pointillisme quelques heureux effets calligraphiques quand le coton s’effiloche. Les outils scripteurs tel le crayon replacent trop le participant du côté d’une illustration figurative et d’une technique du dessin dont l’atelier ne créé pas des approches ou des maîtrises suffisantes à casser ses représentations handicapantes du “beau dessin”. On pourrait même insister pour que le travail reste “iconoclaste”, c’est à dire dans un interdit de la figuration. Le fusain à l’avantage de produire des effets poudrés, qui s'estompent, il offre les possibilités d’un travail plastique dans des niveaux de gris, des “valeurs” différentes.  Les pinceaux et petites brosses permettent de produire des gouttes, des bruines en plus de leur usage académique. On dispose pour deux d’encre de deux couleurs et d’eau. de buvards et de chiffons…

 


“Vous passez ce travail à votre voisin, et vous observez les mêmes consignes jusqu’à ce que vous ayez retrouvé votre propre travail enrichi (saturé?) de celui des autres”

 C'est à l'intérieur du groupe que se décide le passage d'un participant à un autre, quand quelqu'un du groupe décide que le travail est suffisant, il déclare à voix haute pour son groupe "on passe" et les travaux s'échangent en passant à gauche.

“Quand votre propre extrait vous est revenu, vous prenez un temps de lecture  du travail plastique produit par les autres

Vous élisez dans la production plastique, des traits, espaces, formes, figures, effets… 

Vous vous réappropriez le travail, vous pouvez gratter, estomper ou voiler avec du typex....

 

Ce dispositif tournant permet de recréer les expériences des peintres et des poètes, il créé un “patrimoine” divergent de références, de modèles dans lequel puiser, un ensemble complexe voire saturé où cohabitent suffisamment de signes pour élire ce qui nous intéresse. C’est aussi la possibilité d’être confronté à d’autres savoir-faire, d’autres expérimentations plastiques, insoupçonnées ou hasardeuses. L’œil et l’extrapolation graphique (ce que d’autres nomment imagination) rentrent en travail.

 

“Dans un second temps, vous disposez d'une bande de papier machine ou vous écrivez “dans une dimension poétique” quelque chose en écho à votre tableau, qui annonce une intention...

Quelques incipits: c'était....Il y avait.... Tout avait commencé par...

Vous faites  circuler votre travail plastique définitif avec cette bande de papier où chacun collabore à l'écriture. Vous pouvez élargir l'écriture à une autre table de travail...


 


L’atelier installe des mise en abîmes successives afin de brouiller l’intelligence discursive, l’illustration redondante texte/image, pour accéder à des écritures et des tableaux qui soient dans une profusion de sens, une prodigalité.

 


 

La prolifération de mots et d’images, reçus, produits, permet de ne pas assujettir le texte à être, littéralement, l’illustration de l’image. Elle offre une vision kaléidoscopique, des miroitements dans lequel l’auteur va faire une mise en ordre, non pour aller vers l’explication mais vers une “lecture” qui soit une création.

 

“Vous retravaillez l'écriture en éliminant, déplacant, ajoutant... puis vous oralisez dans  une et une seule phrase, image qui vous intéresse sur le plan de la langue, ou des fragments discontinus de ce texte”

 

Chacun reçoit “aux oreilles”, “mis en bouche”, quelque chose de sa langue… sur la plan des sons, des images que la lecture fragmentaire souligne, des rythmes, de la structure que la lecture discontinue donne à entendre.

 

Vous avez intéressé un éditeur qui fixe ses contraintes de mise en page. Un "leporello est disposé -feuilles reliées en accordéon- deux espaces de la taille d’une carte postale chacun ont été tracés au crayon.


Chacun compose donc une double page -vue, texte- en se servant des éléments qu’il veut de son texte et de son tableau” et le fixe provisoirement avec de la gomme (patafix)

 

Le format créé une contrainte qui oblige à une ultime reconfiguration du travail, tout à fait arbitraire. Le leporello donne une forme « achevé » au travail individuel et collectif brouillonnant.

 

Installation/Exposition sur un chemin de table.

 

Analyse de l’atelier, en cherchant trois moments individuellement

- Un moment facilitant

- Un moment handicapant

- Un moment jubilant, la discussion commence en groupe afin de proposer en grand groupe un résumé étayé par les hypothèses du groupe.

les conditions de la réussite, les partis pris.

Le format créé une contrainte qui oblige à une ultime reconfiguration du travail, tout à fait arbitraire.

 

Exposition

Analyse de l’atelier, en cherchant trois moments individuellement

- Un moment facilitant

- Un moment handicapant

- Un moment jubilant, la discussion commence en petit groupe afin de proposer en grand groupe un résumé étayé par des hypothèses discutées collectivement.

 

discussion sur les partis pris et les conditions de la réussite,.

 

 

 




[1]Reproductions  issues de “ chemins des dames” , une exposition des travaux de Hélène Cohen-Solal sur des textes de Françoise Ille, le recueil des textes sera disponible aux éditions cadratins , Michel LAc Allées Jean Jaurés 65 Bagnères de BIgorre, ou d'autres séries de tableaux.

 

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